Un territoire riche en peintures murales
Depuis plusieurs années déjà, l’association Réseau des peintures murales de Puisaye-Forterre œuvre à faire connaître les édifices de cette région dont les murs ont été enduits, au fil des siècles, d’un riche décor, souvent religieux. Quinze sites font désormais partie du réseau qui organise en ce moment une exposition de clichés du photographe Denis Brenot. Une occasion unique de réunir en un même lieu toutes les peintures murales de Puisaye-Forterre !

Un gisement d’ocre en Puisaye
Il faut dire que le sous-sol de la région regorge d’une ressource nécessaire aux peintures : l’ocre. Constituée d’argile et d’oxydes de fer, l’ocre se trouve dans les sables ocreux du sous-sol de Puisaye en grande quantité. Après extraction, le minerai est lavé afin de séparer les grains de sable des particules d’ocre, plus fines. La Puisaye fournit un ocre jaune, qui après cuisson, permet d’obtenir une large palette de couleurs allant de l’orangé au rouge en passant par tous les tons de brun. Pour élaborer l’ensemble des peintures murales connues à ce jour dans notre région, il suffisait aux peintres de compléter leur palette avec d’autres pigments. Le noir était obtenu grâce au charbon, le vert avec des oxydes de cuivre, le bleu à partir d’une pierre semi-précieuse : le lapis-lazuli broyé.
Quinze sites recensés contenant des peintures murales
Si l’ocre est le point commun entre toutes les peintures murales de Puisaye-Forterre, les thèmes de ces œuvres, souvent religieuses, sont une autre constante. Ainsi l’on retrouve dans plusieurs édifices des variantes du dict « Des trois morts et des trois vifs », comme à l’église Saint-Germain de la Ferté-Loupière (fin XVè – début XVIè siècles voir un précédent article détaillé), à l’église Sainte-Genèviève de Lindry ou encore à l’église Saint-Benoit de Villiers-Saint-Benoit (fin XVIè siècle). Ce thème, fréquent dans la littérature médiévale dès le XIVè siècle, relate la rencontre entre trois jeunes nobles, de retour d’une partie de chasse, et de trois morts échappés de leur tombe, qui les avertissent, au détour d’un chemin, de leur inéluctable et tragique destin.

Quelques ovnis picturaux
Outre les thèmes fréquents, on trouve au cœur des églises de Puisaye quelques représentations originales ! C’est le cas des peintures murales de l’église Saint-Roch de Louesme, découvertes fortuitement sous un badigeon au début du XXè siècle, et de l’église Saint-Marien de Mézilles, qui montrent toutes deux une scène du martyre de Saint-Blaise, écorché par des peignes à carder.

Plus loin, l’église Saint-Fiacre de Ronchères est surnommée « Le Paradis de la Puisaye », en raison de ses peintures datées de 1679. On y voit, dans des scènes riches en couleurs et en ornements, la représentation de vingt-huit saintes et saints locaux qui entourent les monogrammes du Christ et les quatre Evangélistes.

La chapelle Saint-Baudel de Pourrain, édifiée au début du XVIè siècle pour permettre la célébration des offices durant la reconstruction de l’église, fut couverte de peintures originales. Au sommet de l’abside de la chapelle trône un soleil ardent dont les rayons s’étendent comme des flammes d’ocre jaune. La voûte de bois décline le thème de l’abondance avec des coupes débordant de fruits. Ce décor gothique flamboyant seraient l’oeuvre de peintres italiens, commandités par François II de Dinteville, évêque d’Auxerre, à son retour d’Italie où il fut ambassadeur de François Ier.
Des thèmes religieux traditionnels
D’autres édifices de Puisaye ont puisé dans la tradition picturale pour livrer leur propre version des grands thèmes religieux. C’est la cas de l’église de Moutiers en Puisaye qui déploie sur ses murs l’un des plus grands ensemble de peinture murales locales. Le décor le plus ancien (XII et XIII è siècles) se situe dans la nef et présente des épisodes de la vie du Christ. Au siècle suivant le décor fut complété par des épisodes de la Genèse, et du Déluge. La Chapelle Saint-Anne, au cœur du cimetière de Saint-Fargeau, relate elle aussi à travers ses peintures murales onze épisodes de la Passion du Christ, donnée en exemple aux fidèles au début du XVIè siècle.
Du côté de la technique
On parle souvent de fresque pour désigner des peintures murales. Et pourtant, nos peintures murales de Puisaye utilisent rarement la technique a fresco, qui implique que l’artiste ait réalisé sont décor peint sur un enduit encore frais, souvent à base de chaux. L’avantage de cette technique est sa bonne tenue dans le temps. En séchant, l’enduit de chaux produit une réaction chimique au contact de l’air et forme une couche de carbonate de calcium à la surface de la peinture, une croute transparente qui emprisonne et protège le décor peint. Il est plus fréquent de trouver en Bourgogne des techniques mixtes, mêlant la peinture sur enduit frais et sur enduit sec. Lorsque l’artiste peint sur enduit sec, il peut revenir autant que souhaité sur son oeuvre, mais celle-ci demeure plus fragile. Pour faire adhérer les pigments colorés à la surface du mur, il doit alors ajouter un liant, généralement composé de lait de chaux, de colle de lapin ou de blanc d’oeuf. Plus tard, l’huile pourra être utilisée comme liant, selon une méthode venue des Flandres.
De la peinture au médium photo
Le photographe Denis Brenot a parcouru ces multiples édifices et d’autres encore pour en photographier les peintures murales et livrer des clichés de qualité, au rendu mat fidèles aux œuvres originales. Quelques textes explicatifs enrichissent la découverte des œuvres. Une publication est également en préparation.

Une exposition à ne pas manquer !
Merci de vos articles intéressants
J'aimeJ'aime
Une bonne introduction qui donne envie d’aller voir l’exposition et les peintures
J'aimeJ'aime